[BD] « Simon Radius / Psycho-investigateur » de Erwan Courbier et Benoît Dahan

C’est avec beaucoup de retard que j’aimerais parler d’une excellente bande dessinée, qui malgré ses qualités passe un peu inaperçue. Il s’agit de Simon Radius, Psycho-investigateur et c’est une très bonne idée de cadeau pour en cette période de fête de fin d’année !

simonradius

Un destin éditorial mouvementé

Simon Radius ou Psycho-Investigateur, selon les éditions (j’y reviens), est une bande dessinée scénarisée par Erwan Courbier et Benoît Dahan également illustrateur.

Simon Radius : Les Fantômes de la culpabilité est tout d’abord sorti en avril 2005 dans la collection Trilogie des éditions Emmanuel Proust. Malheureusement, cette série sera abandonnée, ainsi que toute la collection BD par l’éditeur qui connait quelques soucis financiers, pour parler poliment. C’était d’autant plus dommage que la suite était prête à sortir rapidement.

Ce n’est qu’en juillet 2013 que Simon Radius revient, chez un nouvel éditeur, Physalis, sous la forme d’une très belle intégrale cartonnée à un prix imbattable pour une BD : 17.90€ pour 144 pages, soit la totalité des 3 albums prévues. Le titre devient Psycho-Investigateur.

« We need to go deeper ! »

Petit résumé de l’éditeur :

Quand il manque des pièces au puzzle d’une enquête policière, il existe un étrange analyste qui possède la mystérieuse capacité de les retrouver. Examinant les témoins les plus improbables, Simon Radius pénètre la nébuleuse de leurs souvenirs enfouis…

Mais le Psycho-Investigateur auto-proclamé pourra-t-il compléter son propre puzzle, le plus impensable de tous ?

Simon Radius a un talent unique, il est en effet psycho-investigateur. Il peut « entrer » dans la psyché des autres et explorer ainsi leurs souvenirs. Un talent qu’il utilise non seulement pour des psychothérapies peu orthodoxes mais plutôt efficaces, mais aussi pour aider la police, même si ses méthodes ne sont pas au goût de tout le monde. Ce pouvoir n’est pas sans rappeler Inception, le film de Christopher Nolan, qui est réalisé en 2010 , soit 5 ans après la sortie du tome 1.

Cependant malgré ses dons et son talent, Simon Radius ne parvient pas à résoudre la disparition de sa femme. Pourquoi et comment est-elle partie ? Aucune piste jusqu’au jour où se plongeant dans ses propres souvenirs, il remarque un détail qui lui avait échappé depuis des années. Est-ce enfin la clé du mystère ? Mais son enquête sur son propre passé va s’avérer plus complexe, plus dangereux et plus douloureux qu’il n’y paraît…

Avis

Très souvent les meilleurs découvertes sont aussi celles qui sont les plus inattendues, comme celle de cette bande dessinée, Simon Radius, au détour d’une allée lors du Salon du Livre en 2007, lorsque je m’étais fait dédicacer le premier tome, dont je suis tombé sous le charme. J’ai été très déçu quand j’ai appris qu’Emmanuel Proust arrêtait l’édition des BD. J’ai longtemps attendu et espéré voir un jour la suite des aventures du Psycho-investigateur. Et c’est par hasard que j’ai appris son réveil, après son long coma artificiel. Une renaissance réussie en tous points.

D’un point de vue scénaristique, c’est original, malin et maîtrisé. Que ce soit les cas sur lesquels Simon Radius travaille ou l’enquête sur la disparition de sa femme, les histoires sont bien menées et surprenantes. Certes les personnages ont l’air très caricaturaux et stéréotypés (comme le flic irascible, le rival obèse et insupportable, la secrétaire amoureuse transie etc…) mais ils sont plutôt bien écrits et développés. Mais surtout le scénariste arrive sans peine à mêler intrigues policières, scènes oniriques voire psychédéliques et concepts psychanalytiques.

Il est aidé en cela par les dessins de Benoît Dahan (par ailleurs très sympa en dédicace) très expressifs et inventifs : les personnages ont de vraies gueules alors que les décors fourmillent de vie et de détails. Les explorations du héros dans les psychés des personnages sont des beaux tours de forces, avec des mises en page surprenantes et des mises en abîme originales : dans l’une des « thérapies » de Simon Radius, celui-ci déchire des « pages » d’un livre pour passer à la suivante. C’est à la fois génial et jubilatoire. Et on sent que le dessinateur s’est éclaté à innover et à expérimenter des choses. Il y a une complémentarité très forte entre les univers des deux artistes.

Le livre en tant qu’objet est aussi très réussi : il s’agit d’un bel ouvrage cartonné avec une couverture découpée en forme de pièce de puzzle et un papier de belle qualité. Tout ça pour moins de 18 €. Autant dire que Physalis, un éditeur que je ne connaissais pas jusqu’à présent, frappe très fort avec cette belle intégrale que je ne peux que vous recommandez.

Et si l’histoire se boucle à la fin, j’adorerais voir une série régulière mettant en scène le Psycho-Investigateur tellement il y aurait de belles choses surprenantes à développer. J’attends, en tout cas, avec impatience les prochains albums de ces deux auteurs, bourrés de talents.


En bonus, les dédicaces que j’ai eues :

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